Parce que souvent, l’histoire nous permet de mieux connaitre le présent retour sur quelques moments phares de notre discipline… Tournons donc quelques pages d’histoire.
L’usage de la rame pour déplacer une embarcation remonte à l’antiquité, on en retrouve trace sur les monuments de l’Egypte ancienne, dans les récits de l’Iliade et l’Odyssée, et dans les amphithéâtres de la Rome antique. Plus près de nous, les célèbres drakkars normands et autres galères ont continué d’utiliser la rame comme moyen de déplacement. Cet usage a également permis pendant longtemps aux passeurs, pêcheurs et mariniers d’exercer une activité professionnelle sur les fleuves et les rivières.
En 1823 : les premiers canots apparaissent sur la Seine, ils sont construits par des charpentiers de la marine marchande. Le canotage vient d’être découvert ! Il constitue un des premiers loisirs populaires et aussi un des premiers sports athlétiques et mécaniques.
1834 : pour la première fois à Paris, des courses nautiques en canots à rames sont organisées.
Déjà plusieurs tendances se dessinent :
- le canotage de «balade» pratiqué par les amoureux de nature et de grand air,
- le canotage du «chicard et du flambeur», moins discret, prétexte à faire la fête et à se faire voir,
- le canotage «sérieux» des rameurs issus de l’aristocratie et des classes libérales qui donnera naissance au mouvement sportif de notre aviron, organisant les premières courses et fondant les premières sociétés d’aviron.
En 1838 : la Société des Régates du Havre est créée (doyenne des sociétés françaises de sport nautique) suivront Rouen en 1847, Lyon en 1855, Bergerac en 1860, Boulogne sur mer en 1861…et bien d’autres! La «Société de Régates» a pour objet l’organisation des régates et des fêtes nautiques, ainsi que l’établissement des règlements nécessaires pour assurer la régularité des épreuves..
Les courses à virages, qui se pratiquent en mer et en rivière, sont des spectacles populaires. Des prix en espèces récompensent les vainqueurs et le public participe à des paris mutuels. 1857 voit l’apparition de «jockeys d’eau», mercenaires de course, véritables professionnels sous la férule de bourgeois argentés.
À Paris, il faut attendre 1853 pour qu’apparaisse la première «Société des Régates Parisiennes» (S.R.P.). Ses buts sont d’encourager «le goût des courses nautiques» en organisant des régates, de parrainer la création de sociétés en province (30 jusqu’en 1869) et de discipliner le canotage.
Une réglementation nouvelle apparait et porte notamment sur le matériel. Initialement construits uniquement en chêne, les embarcations peuvent enfin être fabriquées en toutes espèces de bois ou matière, et ceci avec des mesures moins contraignantes.
Les embarcations sont divisées en plusieurs séries (les canots à 4 ou 6 rameurs, les yoles et les skiffs). Très rapidement, et dès 1856, on n’en distingue plus que deux sortes :
- les embarcations armées de portants : outriggers,
- les embarcations sans portant : yoles franches.
Il y a désormais des courses à un, deux, quatre, six ou huit rameurs. Le principe de course en bord à bord est érigé.
En 1867, les «rowingmen» obtiennent la récompense de leurs efforts : les pouvoirs publics confient à la SRP et au Rowing Club l’organisation des régates de l’Exposition universelle de Paris. Le succès de ces courses fait de Paris la capitale de l’aviron.
En 1890, la fédération française des sociétés d’aviron (FFSA) est créée, l’organisation de championnats de France devient enfin possible. Suivie en 1892 par la Fédération Internationale des Sociétés d’Aviron constituée par la Belgique, l’Italie, la Suisse et la France .
La FFSA participe à la renaissance des Jeux Olympiques car Pierre de COUBERTIN voit l’aviron comme l’un des sports de base de l’Olympisme : Ceci «Nul ne saurait dénier au rowing ses qualités supérieures au double point de vue mécanique et hygiénique… Le rameur… pratique la gymnastique vraiment la plus complète qui se puisse imaginer». Ainsi à Athènes en 1896, pour les premiers Jeux, les épreuves d’aviron doivent se dérouler dans la rade du Pirée mais, au dernier moment, elles sont annulées en raison des mauvaises conditions atmosphériques!
En 1901 les premiers championnats de France à la mer. Les épreuves étaient organisées dans des bateaux identiques à ceux utilisés en rivière : les yoles.
En 1919 le principe de la licence est posé et les années suivantes voient l’élaboration définitive des statuts fédéraux. La FFSA reçoit en 1922 la «reconnaissance d’utilité publique».
En 1929, Steve FAIRBAIRN expose ses méthodes d’entraînement hivernal et l’utilisation qu’il fait d’une innovation : la tête de rivière.
En 1941 est institué le classement par catégories d’âge : cadet, junior, senior.
En 1946 est créé le premier tank à ramer, construit au CA Marseille. Il s’agit d’une structure bétonnée remplie d’eau dans laquelle est installé un huit qui permet le roulis.
En 1949, à l’initiative de l’Italie, se dispute à Milan le premier match des nations fondatrices de la FISA.
En 1956, une nouvelle forme de palette apparaît aux championnats d’Europe de Mâcon. Cette ville donnera son nom à cette innovation : la pelle Mâcon toujours présente dans les clubs.
Les années soixante marquent un tournant dans l’organisation du sport au niveau mondial. Suite à la débâcle sportive aux Jeux Olympiques de Rome de 1960, l’État français s’engage massivement dans le domaine du sport. Comme pour les autres fédérations, l’État met à disposition de la FFSA des cadres techniques, des structures pour les athlètes de haut niveau et des subventions pour permettre la mise en place d’une politique de développement à long terme.
Dans le même temps, les clubs se structurent et les premiers professionnels font leur apparition avec la création des brevets d’état.
La Fédération favorise la pratique des jeunes catégories, en créant des championnats de France cadets et scolaires. Elle encourage aussi toutes les actions d’initiation en subventionnant l’équipement des clubs ou l’achat de yolettes. L’aviron en solitaire, souvent réservé jusque-là aux seuls propriétaires de skiff, se démocratise grâce aux skiffs en plastique «Fruitet» construits et diffusés en série.
En 1968, les yoles n’étant plus construites, supplantées par des outriggers de plus en plus performants et par l’apparition du plastique, les rencontres nationales d’aviron de mer disparaissent pour ne voir subsister que les confrontations locales permettant d’animer certains clubs du littoral.
En 1980, la traversée de l’Atlantique à la rame de Gérard D’ABOVILLE donne un nouvel élan à l’aviron de mer . Après la création de nombreuses épreuves, notamment en Bretagne, la FFSA organise les premiers championnats de France officiels d’aviron de mer, en 1997. Des règles sont fixées, des jauges sont établies : les constructeurs reprennent intérêt à développer du matériel spécifique et performant pour ce milieu.
Les années 90 sont marquées par l’aboutissement de nombreux projets structurants :
- la construction et diffusion du «Bateau Découverte»,
- la mise en place des brevets de rameurs,
- la professionnalisation des entraîneurs de club,
- l’automatisation d’une pratique formatrice en couple pour les minimes,
- la mise en place d’une formation fédérale à 3 niveaux (initiateur, éducateur, entraineur),
- l’utilisation de programmes sportifs identiques pour tous les rameurs de compétition,
- et la création des Écoles Françaises d’Aviron.
Ces dernières années, la fédération encourage toutes les formes de pratique, l’aviron de mer, l’aviron de loisir, l’aviron en entreprise, sans oublier la conservation de son patrimoine.
En 2013, la FFSA réunie en assemblée générale à Vichy prenant en compte l’ensemble de ses composantes devient la fédération française d’aviron (FFA). La FFA a pour objet l’organisation et la promotion de la pratique de l’aviron, de la rame (appelée aussi aviron à banc fixe) et de l’aviron indoor (appelé aussi rameur d’intérieur).
De nouvelles perspectives de développement apparaissent grâce à la professionnalisation de l’encadrement qui permet aux clubs de s’ouvrir à une plus grande masse de pratiquants. L’esprit d’équipe et un amateurisme authentique attirent des partenaires qui se reconnaissent dans la culture et les valeurs fondamentales de la discipline.
Le club est l’unité de base de l’organisation fédérale, un club est un membre actif de la FFA. La fédération est par ailleurs constituée de ligues régionales et des comités départementaux chargés de la représenter dans leur ressort territorial respectif et d’y assurer l’exécution d’une partie de ses missions.